TUNISIE : Ne soufflons pas sur les braises
Tous les méditerranéens que nous sommes ne peuvent qu’être affligés par la désespérance d’une portion de la jeunesse tunisienne.
Ce sentiment est partagé par tous les jeunes riverains de la méditerranée qui sont les premières victimes d’une crise économique et sociale sans précédent.
Les pays du sud dont la proportion de jeunes gens de moins de 30 ans est plus du double de chez nous sont en première ligne et au cœur de ces pays arabo-musulmans, une exception : la Tunisie.
L’exception est éducative et culturelle.
Le Président BOURGHIBA et son successeur le Président BEN ALI ont fait le pari de l’éducation de la jeunesse tunisienne en rendant obligatoire l’école dès l’âge de 5 ans.
Quel bonheur de voir en traversant les villages les plus reculés du désert tunisien, les jeunes élèves en blouse se rendant à l’école.
Le résultat de cette politique volontariste est :
Un taux de bacheliers identique aux nations européennes et un taux d’étudiants en études supérieures supérieur à la moyenne européenne.
Mais que faire de tous ces jeunes diplômés ?
En effet l’économie tunisienne qui ne bénéficie pas de la manne pétrolière ni de celle des matières premières qu’on retrouve sur le continent Africain dépend essentiellement de l’agriculture, du tourisme et des services et elle ne produit pas assez de postes qualifiés et hautement qualifiés pour absorber chaque année le contingent des nouveaux diplômés.
La crise économique mondiale a amplifié ce processus, même si la croissance est toujours positive, mais elle a aussi réduit considérablement les opportunités d’emploi à l’étranger que nos économies occidentales offraient en masse à ces jeunes gens.
Il me semble indispensable aujourd’hui d’appeler au calme et à la raison car la vie d’une jeune personne est le bien le plus précieux que l’humanité nous a offert.Plutôt que d’attiser les braises je pense que nos décideurs politiques européens ainsi que le monde des médias devraient mettre tout en œuvre pour aider le gouvernement tunisien dans le cadre d’une politique de développement solidaire à créer cet emploi qualifié dont cette jeunesse de haute qualité a besoin.
L’exemple que notre association a donné mérite d’être reproduit. Grâce à l’aide de Monsieur Brice Hortefeux, alors Ministre de l’Immigration, de l’Identité Nationale et du Co Développement, et de Monsieur Michel VAUZELLES, Président du Conseil Régional Provence Alpes Côte d’Azur, (et au soutien de Monsieur Frédéric MITTERAND, Ministre de la Culture) nous avons crée à Tunis, l’école des métiers d’arts, qui, sous tutorat des meilleurs ouvriers des musées de France forme chaque année une cinquantaine d’ouvriers d’arts spécialisés dans la restauration du patrimoine tunisien. Si chacun d’entre nous prend une petite part du problème, nous permettrons à la Tunisie de préserver son système républicain que je qualifie de république sœur par rapport à nos pays latins. Quel est le pays arabo musulman qui offre autant de chance de réussite à sa jeunesse ? Quel est le pays arabo musulman qui traite la femme à parité avec l’homme et lui donne une position supérieure à celle qu’occupent nos propres femmes dans les pays de la Rive Nord de la Méditerranée ?
Enfin, quel est le pays arabo musulman qui permet à ses ressortissants d’aller conquérir une place dans quelques pays du monde qu’il souhaite ? Quel parcours accompli en moins de 60 ans !
Ce pays n’est certes pas comparable en tout point à nos démocraties occidentales, mais au sein du continent Africain, il est le seul à connaitre un développement économique et social qui le conduit sûrement sur la voie d’une civilisation apaisée.
Jean-Pierre MANGIAPAN - Président de l’Association Tunisienne Pour le Co-Développement - (France Tunisie Côte d’Azur)